Concerto N°21 en la Majeur de Mozart recommandé par Bernanrd PIVOT, cliquez, écoutez...
Cette semaine je souhaitais vous faire partager ma lecture du livre de François LENGLET (Journaliste
économique)"QUI VA PAYER LA CRIS€ ?".
Mon ami Bernard de 5 20 100 (abrégé de St Vincent L'espinasse dans le tarn et Garonne, comme il aime à
l'écrire ...) vient de me faire changer d'avis. Je souhaite partager avec vous une autre lecture qu'il m'a adressée.
Il s'agit d'un texte extrait du livre écrit par Bernard PIVOT en mai 2011 que je vous recommande de lire
en entier. Je ne sais pas si c'est légal, mais après tout, vous ferez comme moi vous vous empresserez d'aller acheter ce livre.
Extrait de son livre paru en avril 2011 : Les mots de ma vie.
"Vieillir, c’est chiant. J’aurais pu dire : vieillir, c’est désolant, c’est insupportable, c’est
douloureux, c’est horrible, c’est déprimant, c’est mortel. Mais j’ai préféré « chiant » parce que c’est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste. Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait
pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira.
Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance. On a été longtemps si frais, si jeune, si
appétissant. On était bien dans sa peau. On se sentait conquérant. Invulnérable. La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien. Même à soixante. Si, si, je vous assure,
j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps – mais quand – j’ai vu le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l’âge, qu’ils ne me considéraient plus comme un des leurs, même
apparenté, même à la marge.
J ’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient
polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.
Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect », « En hommage respectueux », Avecm es sentiments très respectueux ». Les salauds! Ils
croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons ! Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres
qui vous fiche dix ans de plus !
Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place. J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais
vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que… » Moi aussitôt : «Vous pensiez que …? -- Je pensais, je ne sais pas, je ne
sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. – Parce que j’ai les cheveux blancs? – Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un
réflexe, je me suis levée…-- Je parais beaucoup beaucoup plus âgé que vous ? – Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge … --
Une question de quoi, alors ? – Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois…» J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la
station où elle descendait pour lui offrir un verre.
Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien. Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni à la
sexualité, ni au rêve.
Rêver, c’est se souvenir tant qu’à faire, des heures
exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent. C’est laisser son esprit vagabonder entre le
désir et l’utopie. La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce. J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’adagio du Concerto n° 23 en la
majeur de Mozart, soit, du même, l’andante de son Concerto n° 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà. Mais
Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement. Nous ignorons à combien se monte
encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ? Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital. Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il
faut jouir sans modération. Après nous, le déluge ?
Non, Mozart."
Lorsque l'on termine la lecture de cette page de sagesse, on ne
peut que lire la suite et l'ensemble de ce livre. Bone lecture à chacun d'entre vous et merci aux deux Bernard !